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Interview de notre fondateur, Jean-Daniel

Faso Feu : Nos visiteurs ne te connaissent peut être pas, peux-tu nous parler de toi ?

Je suis né en 1978, à Bourg en Bresse dans l’Ain. Après avoir fait un IUT Hygiène Sécurité Environnement, j’ai fait mon service militaire chez les sapeurs-pompiers du Rhône pendant 24 mois. Cette expérience a confirmé ma motivation à devenir sapeur-pompier.J’ai fait plusieurs petits boulots avant de réussir le concours national pour être sapeur-pompier en 2001 et j’ai été recruté la même année dans le Rhône.

Je suis le papa de 2 enfants.

Je suis un des 4 fondateurs de Faso Feu en 2004. J’ai été président pendant 7 ans, puis vice président pendant 4 années.

Faso Feu : D’où vient ton envie de voyage ? Pourquoi sur le continent africain ?

Mon envie de voyage a été insufflée par mes parents qui ont eu à cœur de me faire découvrir le monde. En effet, mes parents avaient cette envie en eux, et souhaitaient nous montrer comme le monde est vaste et beau.

Pourquoi le continent africain ?

En 2001, après un problème de santé sérieux, j’achète une voiture avec 2 amis. Notre projet est de partir au Maroc, puis au Mali et au Burkina Faso par la route. Ce voyage est déterminant dans ma vie. En plus de me permettre de découvrir des paysages superbes, des cultures et des gens différents de moi et de ce que je connais, ce voyage me grandit. Avec mes amis, nous vivons un grand nombre d’aventures que je vis comme des « initiations ». Après 2 mois je reviens transformé, « éveillé ». Et surtout je découvre et je tombe sous le charme du Burkina Faso et je me lie d’amitié avec un burkinabè Ablassé Ouedraogo. Cet homme me montre son pays, m’explique ses codes, il me donne la possibilité de comprendre ce que je vois. Il me donne envie de revenir au Pays des Hommes Intègres.

Faso Feu : Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans la création d’une association ?

En 2004, alors que je suis en voyage avec mon père au Burkina Faso, j’assiste à un accident. Une dame en vélo a été renversée par une voiture. Nous sommes à 10 km de Ouagadougou, la capitale. Étant pompier, je m’arrête et fais ce que je peux pour la dame.

Après avoir attendu 2 heures l’ambulance (15 minutes en moyenne en France), j’assiste les collègues burkinabè dans leur intervention. Je suis choqué par leur manque de matériel, leurs conditions de travail sont très dures car leurs moyens sont limités. Mon ami Ablassé connait un pompier que je rencontre quelques jours plus tard. Ce que je vois me révolte, je vois des pompiers formés mais sans matériel, je vois qu’il y a 3 ambulances pour défendre 1,5 millions de personnes à Ouagadougou alors que pour le même nombre de gens, à Lyon, il y a 6 fois plus de véhicules. Je rencontre les pompiers burkinabè et je suis touché par leur engagement et leur volonté de faire de leur mieux pour secourir leurs concitoyens. Cela me motive a faire quelque chose. Mais quoi ?

A plusieurs, nous sommes plus forts. De retour en France, j’en parle avec 3 amis et on se motive pour monter un projet de soutien aux pompiers burkinabè. C’est ainsi que l’association Faso Feu a vu le jour en septembre 2004. Car pour avoir une crédibilité auprès de nos interlocuteurs nous sommes obligés de nous structurer.

En plus des objectifs premiers inscrits dans nos statuts, cette association nous a permis également d’ouvrir le monde des pompiers sur l’Afrique. Faso Feu représente pour ses fondateurs un moyen de lutte contre le racisme, l’intolérance. On déteste ce que l’on craint et l’on craint ce que l’on ne connait pas. Nous souhaitions donner la possibilité aux Hommes de se rencontrer, de partager et de sortir grandis de ces rencontres. L’Homme (et les nombreuses femmes qui composent notre association) est au cœur de nos actions. Notre force, notre dynamisme, notre efficacité résident dans nos membres. Ils sont ultras motivés. A tel point qu’ils prennent sur le temps de congés pour partir en mission et paient eux même leurs billets d’avion, ce qui libère des fonds pour nos projets (a titre d’information, le prix de leur billet d’avion est déductible à 66% des impôts car Faso Feu est une association d’intérêt général).

Faso Feu : As-tu rencontré des difficultés en te lançant dans cette aventure? As-tu eu des regrets ?

Nous avons connu des difficultés. Comme toutes les associations, la recherche de fonds reste la clef de tout projet. Il nous a fallu apprendre beaucoup de choses : monter un dossier de demande de subventions, un budget, faire des discours et des présentations….. Heureusement, la route de Faso Feu a été jalonnée de rencontres déterminantes, de personnes qui ont su nous aider en nous donnant de précieux conseils et coups de main. De plus, ils nous ont permis d’acquérir les compétences nécessaires pour réaliser nos projets.

En mission, des difficultés douanières, des pannes de véhicules…… mais tout se résout avec de la patience et de la réflexion en équipe. Tout est possible quand on réfléchit ensemble.

Les regrets que je peux avoir sont dans les idées ou projets qui n’ont pu encore aboutir. Mais je reste confiant dans l’avenir de notre association car si des membres partent d’autres arrivent et amènent avec eux leurs énergies, motivations, et compétences.

Faso Feu : Quels sont tes meilleurs souvenirs de voyage ? Qu’est-ce-qui t’a le plus marqué durant tes voyages ?

Les meilleurs souvenirs sont les moments partagés ensemble, avec les membres de Faso Feu et les amis au Burkina Faso, que cela soit en France ou en mission. Ces moments sont magiques et inoubliables.

Les premières interventions avec les pompiers à Ouagadougou m’ont vraiment marqué. Le manque de renfort pour secourir les personnes, l’absence de médicalisation des interventions, les conditions de prise en charge à l’hôpital sont terribles. Tout comme les conditions de vie. L’espérance de vie d’un burkinabè est de 55 ans. Et malgré cela les burkinabè gardent le sourire, et utilisent la célèbre phrase «  ça va aller ».

Faso Feu : Au fil des voyages ressens-tu toujours les mêmes sensations ou as-tu l’impression que ta sensibilité a évolué ?

Ma sensibilité évolue au fil des années. Plus je pars au Burkina mieux je connais le pays. Et à chaque voyage je prête attention à d’autres choses que je n’avais pas vues lors du voyage précédent. Et puis le voyage se fait avec les gens qui y participent et les évènements que nous vivons ensemble. Par conséquent c’est à chaque fois une nouvelle aventure.

Faso Feu : L’association existe maintenant depuis plus de 10 ans, quel bilan fais-tu ?

Je suis fier de notre association. Les résultats sont au delà de mes espérances.

D’un point de vue purement comptable, notre association a accompli beaucoup pour nos frères pompiers burkinabè, et par conséquent pour la population du pays des Hommes intègres :

  • 130 mètres cubes de matériels envoyés (des milliers de tenues, des tuyaux, du matériel de secourisme….) soit une valeur de 550 000€
  • 7 véhicules (dont 4 ambulances)
  • 80 membres de l’association mobilisés depuis sa création
  • 120 pompiers formés au matériel acheminé
  • 320 civils formés aux gestes de 1ers secours

Mais ce n’est pas tout, les bénéfices ne sont pas et ne seront pas uniquement comptables car Faso Feu est avant tout une aventure humaine extraordinaire. Les membres qui composent notre association n’ont jamais cessé de m’étonner, ils rendent cette aventure possible et magnifique. C’est un rêve de solidarité que nous avons construit ensemble, de manière concrète et efficiente. Les bénéfices humains sont énormes. J’ai tellement appris des autres, mes frères et sœurs français et aussi des amis burkinabè. Si j’ai donné de mon temps, de mon énergie, ce n’est rien en comparaison de ce que j’ai reçu.

Faso Feu : Un petit mot pour finir ?

 Si j’ai rêvé de cette association, les autres l’ont rendu possible et beau. Je suis confiant pour la suite de l’association, le turn over est bon et fait du bien. Les nouveaux amènent leur vision et leurs envies.

Faso Feu est la preuve que la volonté des Hommes peut faire beaucoup dès lors que, suite à des indignations, il y a des réactions et des projets qui fleurissent pour agir à notre mesure.

Faso Feu n’est pas une association humanitaire, mais elle est, à mon humble avis, un exemple de solidarité, justement nécessaire à notre époque. Car elle permet aux Hommes d’espérer, de croire aux autres. Il nous faut continuer d’œuvrer pour que les situations qui nous révoltent évoluent.

Un mot pour finir, c’est impossible mais je voudrai dire aux membres MERCI et bonne continuation pour les projets. L’Histoire s’écrit par nos actions et nos engagements.

NINDARE (au revoir en mooré)

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